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CHAPITRE 3 :
Maria écarquille les yeux de surprise :
- Quel pourri ce mec ! Un vrai malade ! Mais un malade qui a le pouvoir de te rendre riche et connue au-delà de tes espérances, et cela vaut bien quelques sacrifices…
Inès penche la tête en arrière et part d’un rire frais. Cela lui fait du bien de rire à un moment où elle en a le plus besoin. La tension qui l’habite depuis son entretien avec Jean Vernier ne fait que croître, et plus elle tourne et retourne le problème dans sa tête et plus elle s’enfonce dans l’incertitude et le désarroi. Aussi, cette petite promenade en vélo en ce début d’après-midi lui fût bénéfique. Claire, retenue par Jean Vernier qui l’avait convoquée pour quinze heures, céda sa place à Maria qui changea ses plans avec un réel enthousiasme. Apparemment, accompagner Inès ne lui déplût pas du tout, car il est vrai qu’une complicité vive et spontanée les avait aussitôt réunies. Elles ont quitté le château et sa lugubre silhouette déchiquetée qui, tel un vigile imperturbable, surplombait la vallée. Auréolé d’un soleil écrasant, il semblait figé pour l’éternité dans un étrange paysage de vignes, de feu et de calcaire, et c’est avec soulagement qu’elles l’ont laissé derrière elles. Le paysage plat et désertique s’est peu à peu adouci par une végétation dense et luxuriante. Elles ont pédalé longuement le long d’une rivière tumultueuse qui se frayait dans un bruit assourdissant un chemin sinueux sous de hautes falaises. A l’endroit où l’eau se brisait dans un bouillonnement d’écume sur d’énormes rocs, elles ont bifurqué à gauche et quitté la gorge en plusieurs lacets assez rudes. Là, elles ont dû descendre de leur vélo et continuer péniblement à pieds. Enfin, hors d’haleine et en sueur, elles ont rejoint une chapelle en ruine, vieil édifice roman ombragé par deux immenses oliviers. C’est sous le plus grand, sans doute plusieurs fois centenaire, qu’elles se sont assises.
- Merci pour tes conseils avisés. Moi qui pensais pouvoir compter sur une amie de bonne morale.
- Justement, sa morale il faut savoir la mettre de côté. Pas toujours, mais de temps en temps… C’est elle qui nous empêche d’avancer. Cette histoire est un peu louche, je dois le reconnaître, mais c’est pas la mer à boire non plus. C’est peut-être un test aussi, pour savoir si tu es prête à tout pour décrocher ce contrat. Tu sais, il part du principe que la vie est un combat de tous les jours, une lutte acharnée, la loi de la jungle. Il t’offre une chance incroyable, mais il veut que tu lui prouves ta motivation et ton envie de gagner. C’est sa morale à lui. La réussite et l’ambition. A toi de voir, la balle est dans ton camp…
- Tu me conseilles donc d’accepter ?
- Evidemment. Ecoute, prends l’exemple de Claire qui a toujours voulu mener la barque à sa façon, selon ses principes, en défendant corps et âme sa liberté créative et en refusant ce système dans lequel elle évolue malgré elle. Conclusion : plus personne ne lui propose de grands rôles, et si elle ne se bouge pas le cul dare-dare elle sera bientôt une illustre inconnue qui ira pointer au chômage un bon bout de temps, ou alors se recycler. Bref, aujourd’hui elle paie la note et c’est pour cette raison qu’elle se retrouve ici, chez le seul homme qui puisse lui insuffler une seconde chance. Sa présence prouve au moins qu’elle a tiré les leçons de ses erreurs et qu’elle va certainement rectifier le tir. Enfin, je l’espère pour elle… Moi, j’ai compris depuis le jour de ma naissance que, si on veut réussir, il faut se plier à certaines lois et accepter certains compromis. C’est ce qu’on appelle saisir les opportunités, et au diable les états d’âme ! En ce qui te concerne, c’est vrai que sa proposition peut choquer au départ, mais avec du recul prends-le avec humour et dérision. Il ne t’a pas dit de coucher avec qui que ce soit d’ailleurs… Alors échafaude des plans pour ne pas trop payer de ta personne.
Inès la dévisage avec méfiance, plissant les yeux d’un air soupçonneux.
- Facile à dire. Je n’aime pas les femmes, moi ! Et comment dois-je ruser pour vérifier si tu as oui ou non ce tatouage sur la partie la plus intime de ton corps ? Car je te figure que tu es sur la liste des suspectes.
Blessée, Maria se lève d’un bond. Ses yeux noirs lancent des éclairs courroucés et elle lance furieusement :
- On peut vérifier tout de suite si cela peut te rassurer.
Elle porte un short en jean délavé que, déjà, elle déboutonne d’une main tremblante. Inès arrête son geste en se levant à son tour, la prenant dans ses bras pour l’emprisonner d’une étreinte à la fois tendre et possessive.
- Arrête, ne sois pas stupide… Et excuse-moi, je suis idiote.
Sa voix vibre d’émotion. Les larmes ruissellent sur son beau visage, sans qu’elle puisse les contenir. Elle maudit sa maladresse. Dépassée par des événements qui lui échappaient, elle avait ressenti le besoin urgent de parler à l’une des seules personne en qui elle avait confiance. Elle se sentait très proche de Claire et de Maria, et avec cette dernière elle venait de tout gâcher. Prenant son amie par la main, elle l’oblige à se rasseoir à côté d’elle. Dos appuyés contre le tronc de l’arbre, elles restent un moment enlacées et silencieuses, savourant ce moment de tranquillité et d’intimité. Maria a aussi les yeux rouges et mouillés. Elle est d’autant plus bouleversée qu’elle n’a pas l’habitude de se laisser attendrir ou émouvoir par qui que ce soit. A trente six ans, elle tient à sa liberté et s’efforce de ne jamais s’attacher, prenant le plaisir là où il vient, prenant tout aux femmes sans jamais rien leur donner, sauf si elles peuvent lui permettre d'atteindre ses objectifs. Là, elle se sent désarmée, rongée par des sentiments contradictoires, entre désir et amitié, inquiétude de tomber amoureuse et une espèce de culpabilité insaisissable de détourner Inès de ses rêves et idéaux hétérosexuels. Confuse pour d’autres raisons, Inès pose sa tête sur son épaule et se met à parler d’une voix grave et tendue.
- Maria, j’ai l’impression d’être au bout du rouleau. Je me sens impuissante et vulnérable face à tout ce qui m’arrive car c’est un monde que j’ignore, si loin de tout ce que j’écris et ces valeurs auxquelles je m’efforce de croire. On m’a dit ces deux derniers jours que j’avais peur et j’ai pris la mouche car c’est bien là la vérité. J’ai une trouille bleue. Peur de ce que je vais affronter, un monde réel fait de chair, de désirs, de passions, toutes ces émotions humaines qui régissent notre vie et que j’ai préféré éviter en me retranchant dans mes rêves absurdes de pureté. Depuis mon agression, j’ai mené une vie encore plus solitaire, une vie de sainte presque, tournant le dos à tout ce qui pouvait ressembler à du vice ou de la débauche. Et voilà que, brusquement, je reçois ici en pleine figure des émotions nouvelles et terrifiantes, une ambiance sensuelle, électrique, contagieuse, que je ne comprends pas et que je ne maîtrise pas davantage. Je ne suis pas prête à cette sorte de plongée vertigineuse dans les noirceurs et les pulsions sexuelles de l’âme humaine, tout simplement parce que je ne me connais pas moi-même. Voilà, c’est tout ça qui me fout la trouille.
- Et en plus tu vas te retrouver en première ligne avec ce qu’on exige de toi… C’est ça, hein ? Plus d’échappatoire, aucune issue et aucun recul possible… Tu as donc peur de quoi ? De te découvrir ? Affronter tes propres démons ? Au moins tu seras fixée, tu ne peux pas fuir toute ta vie…
Alors Inès se met à lui parler comme elle n’a jamais parlé à qui que ce soit. Elle vide son sac de façon interrompue. La tentative de viol dont elle avait été victime. Et que cette agression avait cassé quelque chose de vital en elle : toute désir physique pour un homme. Effrayée par cette constatation, elle s’était alors plongée corps et âme dans l’écriture, avec plus d’acharnement encore, comme une bouée de sauvetage. Et surtout un espoir de guérison. Avec l’espoir d’une révélation, voulant toujours croire au grand amour, celui qui soulève toutes les montagnes, qui cicatrise les plaies et brise toutes les inhibitions. C’est sans doute pour cette raison qu’elle avait banni tout acte sexuel, ce qui s’avérait encore sale et avilissant, ce qui réduisait à néant toute la beauté et la pureté des sentiments amoureux. Emue et fascinée, Maria ne dit rien, ne pose aucune autre question, emportée par ce tourbillon d’émotions que cette femme fait naître en elle. Sa gorge est serrée, elle se sent prête à fondre en larmes alors qu’elle l’apaise doucement, noyant ses mains dans la chevelure brune et soyeuse pour la caresser avec une infinie douceur. Sans la lâcher, elle tombe à genoux devant elle, en la serrant plus fort dans ses bras. Pour répondre confortablement à son étreinte, Inès s’agenouille aussi sur l’herbe, s’abandonnant aussitôt dans ses bras, enfouissant son visage au creux de l’épaule féminine, y imprégnant ses larmes. Elle ne peut pas parler, le corps secoué de sanglots, la voix si enrouée qu’aucun son audible ne peut en sortir. Tout ce qu’elle veut, c’est être consolée, rassurée, que Maria lui transmette un peu de sa force et de son assurance. Elle lève la tête et la fixe de ses yeux noyés de larmes, si tristes, si apeurés. Maria baisse son regard sur elle et, cessant de fourrager sa main droite dans ses cheveux, lui caresse la nuque doucement. De l’autre main, elle fait glisser ses doigts le long de la joue mouillée avant de saisir le menton et l’obliger à garder la tête haute, prés d’elle. Leur regard se rive l’un dans l’autre, leur souffle se mêle, le visage à quelques centimètres. Maria penche encore la tête et dépose un léger baiser sur le front moite de transpiration. Ses lèvres glissent vite dans la chevelure abondante et semblent vouloir s’y noyer, s’étouffer, se grisant de son odeur, avant de revenir au visage qu’elle explore dans une myriade de baisers enfiévrés. Ses lèvres dévorent tout sur son passage : les paupières fermées, le nez, les joues toutes salées de larmes qu’elle avale de coups de langue gourmands, le menton quelle lèche et mordille tendrement. Inès s’est figée, cessant de pleurer. Son visage est pâle et tendu, son regard hagard et fuyant. Sa respiration s’est accélérée, faisant gonfler sa lourde poitrine qui, nue sous le tee-shirt, semble doubler de volume. Elle garde les lèvres closes lorsque celles de Maria épousent les siennes, s’y pressent, et qu’une langue vivace cherche à se frayer un passage. Elle frémit à ce contact intime. Maria n’a plus rien de la femme qui cherche à la réconforter, comme une mère apaisant son enfant. Ses yeux étincellent d’une lueur animale, son corps vibre d’une passion sauvage, qu’elle maîtrise à peine, et qui semble l’enflammer à son tour, comme un feu communicatif. Elle vient de saisir son visage à deux mains, pour mieux le couvrir de baisers voraces. Son corps s’est collé au sien, comme cherchant à s’y fondre, plaquant sa poitrine contre la sienne avec une telle force que les bouts des seins, malgré leur tee-shirt, se touchent et se cherchent.
Inès se laisse faire, trop abasourdie par ce foisonnement de sensations qui l’emportent vers un chemin inconnu. Elle sent la chaleur de cette chair féminine caresser sa peau, son odeur raffinée et entêtante, le parfum suave des cheveux lâchés, tout ce mélange qui agit sur elle comme une alchimie brûlante, un brasier qui s’étend dans tout son corps. Ses pensées semblent paralyser par le déferlement de cette lave intérieure qui l’embrase sournoisement, elle est incapable de réfléchir, de réagir. Les ongles qui s’enfoncent dans son dos la fait violemment tressaillir. Sa bouche s’entrouvre alors pour pousser un cri de surprise. Maria en profite vite pour introduire sa langue entre ses lèvres. Inès gémit, mollit, savourant malgré elle la douceur de ce premier baiser féminin. C’est indescriptible. Délicieux. A la fois doux, sensuel, brûlant, profond. Cet acte follement intime provoque un chavirement des sens qu’elle ne maîtrise plus. Elle n’a pas conscience de répondre au baiser, part à l’assaut de la bouche fruitée, de la langue agile, s’y noue, s’y dérobe, puis y retourne avec timidité et une certaine retenue encore. Tantôt elle se laisse faire, résiste ou s’offre, luttant contre ces ondes lascives qui montent et grondent comme un orage dévastateur. Maria, avec une expérience inouïe, la relance de baisers fougueux, aiguillonne sa langue de spirales infernales, met tout en œuvre pour faire monter la fièvre de plusieurs degrés. Et elle y réussit à la perfection. C’est avec la même passion qu’Inès l’embrasse, la fouille, envoyant une vague de salive dans sa bouche et cherchant à se consumer toute entière dans ce baiser affamé. Maintenant, c’est Maria qui semble un peu surprise de ce brusque consentement. Inès met dans ce baiser une telle fougue, une telle violence, que cet élan fougueux semble presque désespéré, comme une femme qui a lutté de toutes ses forces et, finalement, s’est laissée emporter par un désir trop impétueux. Une femme qui se sait perdue et en accepte la défaite. Haletante et tremblante, Maria compte profiter de cet abandon pour aller jusqu’au bout.
Elle passe à l’étape supérieure, s’écarte en suffocant, et son regard qui se pose sur la poitrine d’Inès ne calme en rien son souffle précipité. Elle voit que les pointes des seins se dressent contre le tissu du tee-shirt, et elle ne peut résister à la tentation d’effleurer du bout des doigts le sein droit, caressant à travers le tissu le bout sensible, ce qui arrache à Inès un cri stupéfait. Sans perdre de temps, Maria passe ses mains dans le tee-shirt et le remonte vite au-dessus de la tête. Le spectacle la laisse pantelante et muette, bouche bée. Les seins qui s’offrent à ses yeux sont magnifiques, d’une rare beauté. Volumineux, fermes et bien relevés, ils bougent voluptueusement au rythme d’une respiration oppressée. Sa peau veloutée a des reflets dorés, faisant ressortir superbement les mamelons tendus, aux auréoles d’un brun foncé. Inès, en se retrouvant ainsi la poitrine nue, se sent timide et vulnérable, mais le regard de Maria qui contemple son corps avec une sorte d’adoration et de fascination accentue aussi son excitation. Elle a une terrible envie qu’elle les touche, les palpe, comme pour apaiser cette faim sensuelle qui lui noue le ventre et remonte jusqu’à sa poitrine. Maria devine son attente et s’exécute. Elle retient sa respiration en prenant les seins dans chaque main, les touchant avec délicatesse, comme s’il s’agissait d’une œuvre d’art aussi fragile que rarissime. Inès se cambre, gémit, frisonne de la tête aux pieds. Ses lèvres sont gonflées de désir, son regard fixe et brûlant, ses joues roses d’excitation. C’est elle qui bouge son corps, faisant jaillir sa poitrine avec insolence, appuyant ses seins d’un mouvement souple pour qu’ils se frottent contre les paumes de Maria. Celle-ci la laisse se caresser toute seule, abasourdie par l’audace de sa maîtresse qui, impatiente, vibrante d’un désir impérieux, continue de plaquer sa lourde poitrine contre ses mains ouvertes. Elle les referme enfin, saisissant une chair tiède, divinement douce, dont les pointes des mamelons semblaient durcir davantage. Elle les malaxe d’un mouvement lascif et enveloppant, provoquant chez Inès des tressaillements incontrôlés et des soupirs purement sexuels. Elle pousse un râle de frustration lorsque Maria interrompt sa caresse un bref instant, juste le temps de s’enlever elle aussi son tee-shirt et le soutien-gorge, libérant des seins haut placés, d’un mat brillant, au galbe parfait. Elle a des seins plus petits qu’Inès, moins ronds, mais ils pointent néanmoins avec fierté, avec à l’extrémité de larges aréoles proéminentes. Inès les couve du regard, avec admiration et désir. Elle ne savait pas qu’une femme nue- à moitié nue – pouvait être aussi belle et désirable. Cette découverte lui monte à la tête. Elle se jette dans ses bras, s’asseyant entre ses jambes écartées et se collant étroitement à elle, écrasant sa poitrine contre la sienne, frottant les pointes des seins dans un contact délicieux et irritant. Elle lance en même temps ses jambes autour de ses hanches, l’attirant plus à elle. Maria fait de même, tout en plaquant ses deux mains sur les fesses d’Inès, les caressant, les soupesant, les pressant sans retenue, labourant de ses ongles le short, griffant le dos et les omoplates.
Avides l’une de l’autre, leurs bouches se sont retrouvées et s’entrechoquent dans un baiser ardent. Elles semblent posséder par la même folie, parcourues des même décharges électriques qui les font bondir et frémir, vaciller et défaillir.. Elles ne se lassent pas de leur baiser, leurs étreintes, et Inès savoure cette sensation vive et diffuse qu’elle n’a jamais connue auparavant, qu’aucun homme n’a jamais pu lui faire partager. Rien n’est plus merveilleux au monde que leur deux corps confondus aussi intimement, une extase sans nom alors qu’elles n’en sont qu’aux préliminaires. C’est à la fois sensuel, électrisant, et insupportable de jouer avec un désir qui ne cesse de monter. Inès bouge encore plus violemment, frottant plus fort leur poitrine l’une contre l’autre, et entendre les gémissements éperdus de sa partenaire tout contre sa bouche, ce plaisir qu’elle lui donne, l’excite encore davantage. Furieusement enlacées, elles tanguent longuement d’avant en arrière sur l’herbe. Puis Maria veut la renverser par terre, appuie sur ses épaules, mais leur position qui les noue l’une à l’autre ne permet pas à Inès de s’incliner seule en arrière. Fébrile et impatiente, Maria insiste et provoque chez Inès une douleur dans le dos. Cela brise net le charme. Elle reprend vite pied à terre. A bout de souffle, elle se dégage du baiser vorace avec un petit cri suppliant :
- Non !
Elle a des soubresauts convulsifs, comme une possédée qui lutte contre un esprit malsain, cherche à l’en extraire. Puis elle se calme, encore hébétée, comme cherchant à disperser le brouillard insidieux dans lequel elle s’était perdue. Maria, affolée, rompt l’étreinte. Elle observe Inès avec désespoir, sans comprendre. Celle-ci est apeurée, secouant la tête comme si elle émergeait d’un cauchemar. Son visage est déformé par l’égarement et l’incompréhension la plus totale. Elle se lève si vite sur ses deux jambes qu’elle vacille un instant, encore étourdie. Puis elle ramasse hâtivement son tee-shirt, l’enfile nerveusement, attrape et enfourche son vélo pour s’engager maladroitement sur le sentier herbeux qui redescend vers les gorges. Le visage ruisselant de larmes, Maria la laisse s’éloigner sans un mot.
Inès se frictionne vigoureusement en sortant de la douche, le regard absent. C’est d’un geste distrait qu’elle ôte la serviette qui était nouée autour de sa tête, libérant ses longs cheveux humides. Entièrement nue, elle se plante devant le miroir de l’armoire et se brosse pensivement les cheveux. Une sorte de sensation glaciale traverse brusquement la pièce, comme si une entité vivante et invisible venait d’apparaître, transperçant Inès d’un regard inhumain. Avec un frisson, elle se retourne vivement, examinant chaque recoin de la chambre avec effroi. Puis, aussi vite que cela est venu, l’impression d’être observée disparaît. Elle hoche la tête avec dépit. La voilà qu’elle devient paranoïaque ! Pas étonnant avec cette multitude d’émotions et de révélations aussi dérangeantes qui viennent de lui tomber dessus en si peu de temps. Bon sang, qu’est-ce qui lui avait pris de tomber ainsi dans les bras de cette femme et d’aimer aussi intensément ces baisers et ces caresses ! C’est comme si un démon avait pris possession de son corps et l’avait obligé à faire des choses insensées, la contraignant à s’abaisser dans des étreintes lesbiennes. Un démon, oui, mais un démon qui lui avait donné un avant goût de ce que pouvait être le paradis, et non l’enfer… C’était mal, mais un mal délicieux. Voilà, elle recommençait à avoir de vilaines pensées, des envies coupables, et une bouffée de chaleur lui donne le feu aux joues. Elle chasse désespérément toutes ces pensées ignobles. Elle ne pouvait pas aimer les femmes. C’était contre sa nature, contre toute logique, renier ses valeurs et perdre des repères qui avaient régis toute sa vie et fait le succès de toute sa carrière. C’était trahir tout cela, et que lui resterait-il alors ? Rien. Sa vie s’écroulerait, elle se mépriserait jusqu’à la fin de ses jours. Mais elle devait tenir compte aussi, qu’elle le veuille ou non, de ce qui venait de se passer avec Maria.
Elle avait mis ça sur le compte de l’alcool lorsqu’elle avait dansé avec Gabrielle, mais là elle ne pouvait plus se trouver aucune excuse. Cette triste expérience l’obligeait à prendre conscience qu’un instinct aussi dangereux que sournois restait enfoui en elle, tapi dans l’ombre, prêt à surgir et bondir comme un animal sauvage et incontrôlable lorsqu’une femme la touchait. Incontrôlable, c’était bien là le mot adéquat, lourd de menaces et de conséquences car il n’y a rien de plus terrifiant que d’être dans l’incapacité de maîtriser ses propres pulsions. Cela l’amène à se poser des questions, à plonger dans les tréfonds obscurs et complexes de sa sexualité. Son agression à Paris, bien qu’interrompue à temps, avait été en partie le détonateur. Une agression qui avait été à l’origine de son blocage et sa solitude affective. Mais le mal avait des racines bien plus profondes et plus complexes, au-delà du choc émotionnel. Car cela s’était passé à un moment où elle n’avait pas encore atteint une maturité sexuelle suffisante et une connaissance assez approfondie de sa propre nature pour se ranger avec certitude dans le clan des hétérosexuels convaincus. Déjà, il y’ avait désintérêt pour le plaisir physique, peu d’expérience et peu de satisfaction. Aussi, elle se demande si sa libido ne s’était pas orientée inconsciemment vers une autre forme de sexualité, cherchant sa voie et l’ayant trouvée dans l’homosexualité.
- Oh, non, pas ça !
Elle porte son poing à la bouche et le mord, étouffant la plainte désespérée qui monte en elle. Elle ne peut pas croire à cette conclusion, s’y refuse catégoriquement. Son esprit se ferme, elle ne veut plus réfléchir. De toute façon, elle a très mal à la tête. De gestes mécaniques, elle continue de se coiffer un long moment. Son regard est vide tandis qu’elle ne cesse de passer la brosse dans ses longs cheveux noirs, observant sans le voir son reflet dans la glace. Après quelques instants, elle commence à se sentir plus calme. Elle se lève, range sa brosse dans le tiroir de la salle de bain, regagne sa chambre et ouvre l’armoire. Elle y saisit un peignoir en soie brodée, l’enfile et noue à peine la ceinture. En fermant la porte coulissante de l’armoire, son image réapparaît dans la glace. Elle se trouve belle, lumineuse, transportée d’un sentiment agréable d’être la femme la plus désirable au monde. Sa chair vibre, envahie d’une sorte d’excitation qui resplendit de chaque atome de son corps. Sous le peignoir, ses seins se tendent, gonflés et réceptifs, comme animés d’une vie propre. Qu’est-ce qui lui prend ? C’est comme une fièvre latente qui reste en éveil, attend, anticipe, se charge d’ondes voluptueuses dans l’attente… dans l’attente de quoi ? De rien. Car il ne se passera jamais rien. Elle s’efforce de réfréner tout ça. Décidément, la nuit va être longue si sa conscience ne cesse de se heurter à des désirs inavoués. Et dire qu’elle avait été voir, après le repas, Jean Vernier pour accepter sa proposition. Ce qui revenait à s’aventurer dans des situations aussi compromettantes que risquées. Mais ce qui revenait aussi à constater que, si elle se sortait indemne de cette mission périlleuse, elle pourrait être certaine de ses orientations sexuelles et dormir l’esprit tranquille jusqu’à ses vieux jours. Le bruit furtif et la lumière vacillante qui passent derrière sa porte l’arrache à ses pensées. Qui peut bien, à cette heure-ci, se promener dans les couloirs ? Dehors, la nuit est sombre et silencieuse, de lourds nuages masquent la lune et une légère brume commence à se former sur les vignes et le paysage environnant. C’est ce que constate Inès en passant devant la fenêtre et en se dirigeant ensuite vers la porte qu’elle entrouvre doucement. Une silhouette féminine tourne au fond du couloir, éclairée d’une bougie et projetant des lueurs sur les murs et le plafond.
Intriguée et trop heureuse de se changer les idées, Inès s’avance à son tour et part à sa poursuite. Pieds nus, elle marche d’un pas léger, effleurant le tapis, descendant l’escalier, et plus prudemment sur les dalles de marbre alors qu’elle arrive dans le hall. La silhouette fantomatique s’engage dans le long corridor qui mène à l’aile sud. La bougie anime d’étranges ombres dans les embrasures des portes. Elle suit toujours la silhouette, avançant dans le noir et se guidant aux lueurs vacillantes. Le château est silencieux, les lumières toutes éteintes, et la discrétion de la personne qui rôde tel un voleur dissimule bien des intentions pas très claires. Elle veut en avoir le cœur net. La cuisine étant dépassée, elle annule la possibilité d’une fringale nocturne. Même constat pour les toilettes qui se trouvaient à l’étage supérieur, prés des chambres. Que pouvait-il y’ avoir dans cette partie du château qui intéressait tant cette mystérieuse femme ? Enfin, celle-ci s’immobilise devant une porte, la pousse et disparaît à l’intérieur de la pièce. Inès attend un moment avant d’avancer, collant son oreille contre la porte, prête à se cacher au moindre bruit. Elle laisse passer encore quelques minutes avant de se décider à tourner la poignée, tout doucement, et pousser la porte millimètre par millimètre. Heureusement, aucun grincement. La pièce est dans le noir total, alors elle se faufile par la porte entrebâillée avec toujours autant de précaution. Elle tend le cou, tournant la tête vers la lumière, au fond de la pièce. Elle entend respirer fortement, avec des murmures et des frôlements. Ses yeux s’habituent à la pénombre. Elle est dans une immense bibliothèque et, tout au bout de l’immense salle, deux femmes sont assises et enlacées sur le sol, au pied d’une longue étagère. Elle reconnaît Gabrielle, échangeant des baisers bruyants avec Florence, la domestique. Elle l’enlace ardemment, explorant l’intérieur de ses cuisses dont la jupe retroussée jusqu’à la taille dévoile, jusqu’à l’aine et au slip blanc, une longue jambe repliée qui s’écarte de plus en plus. Une main plonge sous le dessous, arrachant un nouveau gémissement. Tout en s’activant en bas, Gabrielle penche la tête, couvant la poitrine nue de coups de langue voraces.
Malgré elle, Inès trouve le spectacle troublant, gênée de sentir naître en elle une certaine excitation. Une excitation qui laisse place à un intérêt différent lorsqu’elle réalise la demi- nudité de Gabrielle. Ses longs cheveux roux sont épars sur ses épaules nues, glissant entre ses seins libres de tout soutien-gorge, et la peau blanche de son ventre et ses cuisses ressort comme de la porcelaine dans l’obscurité. Elle n’a sur elle qu’un dessous rose fuchsia, un string sans aucun doute, qui est le seul obstacle dissimulant son sexe mais, surtout, le probable tatouage d’une fleur. Car, pour Inès, cette femme ne peut être que l’ex- maîtresse de Catherine, elle en a le profil et elle en mettrait sa main au feu. Et un simple petit bout de tissu protège la preuve. Pas pour longtemps, si Florence se dépêche de passer aux choses sérieuses. Elle en aura enfin confirmation et, en attendant, fait tout pour ne pas bouger et garder le silence. Une pensée coupable l’assaille devant ce rôle de voyeuse, qu’elle repousse aussi vite. C’est pour la bonne cause, après tout… Son enquête démarre bien, elle n’a pas trop à s’investir pour l’instant. Immobile, elle se maintient contre la porte, et aurait pu rester longtemps dans cette position si, brusquement, une main ne l’avait violemment poussée dans le dos et propulser à trois pas devant elle. Elle pousse un cri de douleur en partant en avant, perdant l’équilibre mais se rattrapant de justesse. Puis, aussi brutalement, la porte se referme dans un claquement sec. Inès, choquée, n’a pas le temps de se demander qui l’a ainsi poussée par traîtrise. Elle doit surtout affronter les deux femmes qui, avec un cri de surprise, se sont vivement redressées. L’une d’elles brandit la bougie et éclaire la scène. Inès se retrouve prise dans le cercle lumineux, clignant des yeux comme un animal pris au piège.
- Tiens donc, c’est la romancière fleur bleue, lance Gabrielle sèchement.
Morte de honte, Inès tourne les talons, trébuche, puis un reste de dignité l’oblige à faire face. La panique la submerge alors que la bougie se dresse devant ses yeux, l’éblouissant complètement. Elle entend un bruit de pas furtif qui la contourne, passe derrière elle. La lumière crue du lustre jaillit comme un éclair, éclairant agressivement la salle. C’est Florence qui vient d’appuyer sur l’interrupteur. Du coup, Gabrielle souffle sur la bougie, fixant un instant Inès à travers la mince fumée blanche qui s’estompe dans l’air. Elle a un regard brillant, avec cette lueur gourmande qui n’annonce rien de bon.
- Dis-moi, si tu participais au lieu de mâter. Plus on est de folles…
Elle sourit en la voyant rougir. Le regard affolé d’Inès s’attarde sur la longueur étonnante des petits dards roses qui se tendent à la pointe des seins pleins et orgueilleux de la rousse. Puis descend le long du corps élancé, s’immobilise sur le string rose. Elle ne peut s’empêcher de penser qu’un seul petit geste, tout simple, qui le ferait glisser de quelques centimètres, lui permettrait d’avoir enfin sa preuve. Un petit geste qui ne demandait qu’une seconde. Et, brusquement, une idée insensée émerge d’un coup, si évidente et logique qu’elle se traite d’idiote pour ne pas y’ avoir pensée plus tôt, au lieu de rester raide et stupide comme un piquet. Ce n’est pas en restant pétrifiée qu’elle découvrirait la vérité. C’est en agissant. Il lui suffisait pour cela de jouer la comédie, à peine cinq minutes, juste le temps de quelques caresses vite faites, de s’agenouiller à ses pieds en feignant toujours le consentement, et baisser le string vers le bas dans le feu de l’action. Avec audace et rapidité, l’affaire serait vite conclue. Bien sûr, cela comportait des risques. La présence de Florence demeurait un gros point d’interrogation, pouvait jouer en sa faveur ou sa défaveur, et cela elle ne le saurait qu’au moment voulu. Et surtout pas de baisers, car elle connaissait les ravages que cela pouvait occasionner chez elle. Ne pas se laisser aussi caresser, sinon son corps pouvait échapper à tout contrôle et l’emporter vers le point de non-retour. Chose d’autant plus difficile qu’elle était totalement nue sous son peignoir… Mais si elle respectait ces règles à la lettre, elle pouvait s’en tirer à bon compte. Prendre les devants, mener le jeu. C’est d’une voix méconnaissable qu’elle s’entend répondre :
- Bien sûr, pourquoi pas…
Le regard de Gabrielle s’écarquille de surprise alors qu’Inès, tremblante de tous ses membres, effectue un premier pas vers elle.
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